Dans le Jardin de Monet

Dans le jardin de Monet, les rayons de couleurs viennent vous enlacer. Les parfums des fleurs vous enivrent de bonheur. Le chant du ruisseau vient vous chatouiller les oreilles et les rayons du soleil viennent caresser le grain de votre peau. Ce jardin bouillonne de vie, des millions d’insectes y fourmillent. Les libellules vêtues de leurs jupons de tulle, dansent dans les aires qui s’envolent à travers les branches et les feuillages qui viennent s’accrocher aux nuages. Les nénuphars dorment sur la surface miroitée de l’eau, ils semblent être prisonniers d’un tableau. Les petits ponts verts se dessinent sur le fond du paysage, ils semblent être suspendus aux feuillages. Les saules pleureurs font couler leurs branches un peu lassent, comme s’ils voulaient toucher l’eau pour étancher leur soif. Les arbres semblent vouloir grimper jusqu’au ciel pour aller chatouiller le ventre rond du soleil. Les roses blanches aux pommettes rosées semblent vouloir être de rouges peignées. Les hortensias aux couleurs violettes ont déployé les pétales de leurs jolies jupettes. Les couleurs du soleil semblent avoir déteint sur les tournesols qui ont laissé tomber leur parasol. Les pivoines s’habillent de leur tutu rose, elles dansent sur le souffle que le vent dépose. Les digitales font sonner leurs clochettes au rythme des balancements de leurs jupettes. Une petite barque se repose au bord de l’eau à l’ombre d’un arbre grand et beau, pendant que les rayons du soleil viennent embrasser les reflets de l’eau glacée, saupoudré de petite feuille fanée, comme des taches de rousseur d’été. Et les rayons de lumière se perdent dans les feuillages verts. Les grillons du soir jouent de leurs guitares. Les petits rossignoles chantent leur barcarolle. Les abeilles butineuses se prennent pour des danseuses, accompagnées de leur partenaire bourdons, ils dansent ensemble une belle variation. Les demoiselles coccinelles ont enfilé leur jupon de dentelle. Les lucioles ont allumé leurs lanternes pour éclairer le ciel des fins de journée un peu terne.

Et puis au bout de ce jardin, apparaît comme un dessin une maison aux volets verts et aux murs de pierre. La porte restée ouverte nous invite à entrer et à l’intérieur de cette maison le temps semble s’être arrêté. Dans le salon les tableaux de Monet tapissent tous les murs, même en étant seule dans la pièce, vous paraissez être entourés de gens vivants faits de chair, de peinture et de sentiments. Dans la chambre, Monet semble y avoir dormi cette nuit, regardé le bureau légèrement déplacé, les draps du lit un peu froissé, un volet qu’on a oubliée d’ouvrir, une bougie qui a perdu la moitié de sa cire. La salle à manger qui semble avoir capturé toutes les couleurs du soleil d’été. Et la table qui semble avoir été à l’instant débarrassé, regardez, il reste encore quelques miettes sur la jolie nappe brodée et une tache de vin encré impossible à éponger. Enfin la cuisine qui semble avoir emprisonné des morceaux de ciel bleuté. On peut encore sentir le parfum des épices et des herbes des plats mijotés, l’odeur de la confiture et des tartines beurrées.

Et puis la journée s’achève, quand la lune se lève. Je quitte Monet, sa maison et son jardin, mais il reste dans mes pensées, sur une photo figée, dans mes yeux illuminés. Ces tableaux m’accompagnent, se floutent dans mon esprit, ces couleurs se fondent sur ma vie.
Et la journée s’envole dans l’effluve d’une fragrance qui a le parfum du miel, des fleurs et des vacances.